mardi 13 avril 2010
Introduction
Censure des talk shows en Italie: comment, pourquoi, par qui ?
Cette décision a été prise par la majorité de droite du Conseil d'administration (cda) de la Rai. Elle se base sur un règlement édicté par la Commission de surveillance de la Rai dont le but est d'assurer le respect du principe "par condicio", c'est-à-dire la répartition en parties égales du temps consacré par les médias aux partis politiques pendant les campagnes électorales. D'après la Commission, les programmes politiques de la Rai du mois de février ont été déséquilibrés en pénalisant les partis de droite. L'adoption du règlement serait donc devenue nécessaire pour "donner le maximum de l'information publique", explique Alessio Butti, chef du groupe de la droite (PDL) au sein de la Commission.
La décision du cda de la Rai et le règlement pour le principe "par condicio" ont suscité beaucoup de polémiques à l'extérieur et à l'intérieur de la Rai elle-même. Les médias hors de l'orbite des partis de droite condamnent l'interdiction en la jugeant une véritable censure préventive. Les journalistes des programmes intéressés, Michele Santoro d’Annozero, Giovanni Floris de Ballarò et Bruno Vespa de Porta a Porta, jugent la mesure injustifiée et inconstitutionnelle. Elle marque, d'après eux, la période la plus sombre de la télévision publique italienne, censurant de facto le débat politique dans le moment où celui-ci est le plus nécessaire à l'opinion publique. Santoro définit l'interdiction comme "une preuve de force du gouvernement sur la télévision et les journalistes". Le président du cda de la Rai, Paolo Garimberti, et le chef de la Commission de surveillance, Sergio Zavoli, désapprouvent la fermeture des programmes. "La démocratie ce n'est pas contraindre la presse au silence", commente Garimberti.
Mais il n'est pas seulement question de censure préventive. Derrière cette interdiction, il y a une question encore plus grande: l'intromission de la politique dans la Rai par l'imposition de ses cadres dirigeants. Ces cadres auraient permis la suspension momentanée des émissions politiques sur demande de Silvio Berlusconi lui-même.
Des écoutes téléphoniques témoignent de l'intention de Silvio Berlusconi de fermer le programme Annozero, qu’il définit comme "une horreur incivile et barbare", et de son aversion pour son conducteur, Michele Santoro. D'après les enregistrements, le Cavaliere voulait empêcher les émissions d’Annozero. Plus précisément, il aurait demandé au président de l'Agcom, l'Autorité garante des communications, de censurer les émissions traitant de deux enquêtes pour corruption menées sur lui. Berlusconi commente ainsi les écoutes téléphoniques: "c'est un devoir de demander à l'Agcom d'intervenir pour demander de fermer l'absurdité des transmissions de Santoro qui ne consent pas aux accusés de se défendre". Cependant, le nom de Silvio Berlusconi a été inscrit dans le registre des enquêtés du ministère de la justice à cause des pressions qui auraient été exercées afin de suspendre le programme Annozero.
En signe de protestation contre la censure, le 25 mars, Michele Santoro a souhaité organiser Raiperunanotte, une émission-manifestation, pour donner voix à l'indignation de l'opinion publique envers l'effacement momentané des programmes politiques de toutes les chaines de la Rai. Raiperunanotte a été mise en place grâce à l'Union syndicale des journalistes de la Rai (USIGRai) et par la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI). L'émission a été diffusée sur grand écran en direct de 200 villes italiennes, dont Bologne, Rome et Naples., Elle a aussi été retransmise sur quarante télévisions locales privées, ainsi que sur Sky, Current tv, Repubblica tv et Corriere tv. Mais également sur plus de 30 radios ainsi qu'en streaming sur de nombreux sites internet. Près de 6'000 personnes ont assisté à l'émission sur le plateau de Raiperunanotte et près de 300'000 l'ont visionné à travers les différents canaux cités ci-dessus, notamment sur le Web. Selon des chiffres communiqués par les organisateurs, l'émission a obtenu 13% d'audimat. Santoro a invité des personnes qui ont déjà subi la censure de la Rai. Il a également fait une comparaison entre Mussolini et Berlusconi et a adressé une réflexion alarmante au Présidente de la République Giorgio Napolitano: "on n'est pas encore au fascisme mais certaines similitudes font préoccuper".
Présentation des médias traditionnels
Le Monde est un quotidien français de référence qui a été créé en 1944 par Hubert Beuve-Méry. Son influence est importante dans le milieu de la presse écrite francophone, aussi bien dans l’Hexagone qu’à l’étranger. C’est d’ailleurs le quotidien français le plus diffusé à l’étranger. Le Monde présente toutefois une particularité : le quotidien paraît dans l’après-midi alors qu’il est daté du lendemain de son jour de parution. Son tirage atteint environ 340'000 exemplaires quotidiennement. Sylvie Kauffmann est devenue la nouvelle rédactrice en cheffe le 18 janvier dernier. Elle a remplacé Alain Franchon à cette fonction.
Ligne éditoriale
Sur le plan politique, le journal transmet plusieurs grands courants d’idée : le christianisme social et le socialisme réformiste sur le plan intérieur ainsi qu’une pointe d’antiaméricanisme sur le plan extérieur. Actuellement, le journal adopte fréquemment des positions hostiles à la politique du président Nicolas Sarkosy et son gouvernement.
Adaptation aux nouvelles technologies
Depuis 2005, le journal publie une nouvelle formule, dans laquelle l’image a pris beaucoup d’importance. En 1995, Le Monde s’est doté d’un site internet. Il reprend les articles de la version papier, mais il dispose également de dossiers thématiques et d’autres sources, telles que les agences de presse. La quasi-totalité du contenu du journal Le Monde était disponible gratuitement chaque jour sur internet. Depuis le mois dernier, Le Monde a décidé que le contenu de son site internet allait devenir payant petit à petit. De nouvelles applications pour iPhone et iPad arriveront ce mois encore.
Euronews
Euronews est une chaîne de télévision européenne. Elle a été fondée en 1992 à Lyon. Lors de son lancement, elle était la première chaîne d’information multilingue au monde. Euronews diffuse effectivement en neuf langues simultanément. Euronews est la première chaîne internationale d’information en Europe avec 6,5 millions de téléspectateurs quotidiennement. Elle dépasse ainsi CNN International, BBC World News ou encore France24. L’an passé, 151 pays et plus de 300 millions de foyers avaient accès à Euronews. Sa particularité : elle est l’une des rares chaînes d’informations à n’avoir aucun présentateur su le plateau.
Ligne éditoriale
Euronews a été créée suite à la mise en évidence de la suprématie de CNN comme source d’images lors de la guerre du Golfe. C’est l’Union européenne de radio-télévision qui est à l’initiative de son lancement. Elle voulait ainsi proposer une perspective européenne sur l’actualité internationale et participer à la construction d’une identité européenne. Une convention avec l’Union européenne a d’ailleurs été signée en 2005 : Euronews s’est engagée à remplir une "mission d’information européenne". En contre partie, l’Union européenne lui verse 5 millions d’euros par an pendant cinq ans. Euronews s’est assurée ainsi une stabilité financière jusqu’à fin 2010. Selon des études, elle est d’ailleurs appréciée pour son objectivité et son indépendance éditoriale. La chaîne de télévision européenne donne la priorité aux faits et refuse tout sensationnalisme quant au traitement de l’information.
Adaptation aux nouvelles technologies
Euronews propose aussi ses informations par podcast sur son site internet. Son programme "No comment" (images brutes sans commentaires) est également mis à disposition des internautes sur le site de partage de vidéos Youtube depuis octobre 2007.
L’Espresso
L'Espresso est un hebdomadaire généraliste qui traite de l’actualité politique, économique et culturelle. Il a été fondé en 1955 par Eugenio Scalfari, qui créera ensuite La Repubblica, un quotidien italien. Tous deux appartiennent à l’industriel piémontais Carlo De Benedetti et au groupe éditorial L’Espresso SpA. A ses débuts, L'Espresso était composé d’environ seize pages. Aujourd’hui, il peut contenir jusqu’à plus de 250 pages. Le tirage de L'Espresso a dépassé 100'000 exemplaires en 1967, il atteint plus de 400'000 exemplaires actuellement. Daniela Hamaui est la rédactrice en cheffe actuelle. Elle occupe cette fonction depuis 2002.
Ligne éditoriale
L’Espresso s’est rapidement imposé comme le grand hebdomadaire du centre gauche. Il mène une lutte acharnée contre la politique de Silvio Berlusconi. L’Espresso s'est fait une spécialité des campagnes contre les potentats et la dénonciation des scandales économiques et politiques.
Adaptation aux nouvelles technologies
L’hebdomadaire a son site internet. Il est relativement simple, mais graphiquement un peu dépassé. Il contient des articles propres, liés à l'actualité, et aussi des avant-premières des articles qui seront publiés dans le magazine en fin de semaine. Les articles du numéro en kiosque ne sont toutefois pas disponibles au moment de la parution de celui-ci. Par ailleurs, une trentaine de journaliste sde la rédaction tiennent désormais leur propre blog sur le site internet de L’Espresso (voir celui de Riccardo Bocca).
(Principale source : www.wikipedia.org)
Présentation des nouveaux médias
Mise à la porte de la Rai, la politique rentre par la fenêtre d'internet (Le Monde)
Le correspondant en Italie pour le quotidien Le Monde, Philippe Ridet, a rédigé un article concernant l’annulation du débat politique Annozero sur la chaîne de télévision publique italienne, la Rai. Le papier a été posté sur internet le 26 mars 2010 à 15h30 et une mise à jour a été faite à 17h06. L’article, intitulé "Mise à la porte de la Rai, la politique rentre par la fenêtre d’Internet", a été publié le jour suivant dans le quotidien Le Monde.
Dans son article, Philippe Ridet commence par énoncer les faits : dans le cadre des élections régionales des 28 et 29 mars 2010, des débats politiques sont organisés. Le Président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, interdit la diffusion du dernier meeting, le vendredi 26 mars, sur la chaîne de télévision publique la Rai. A défaut d’être retransmis par la chaîne publique, le débat est alors diffusé sur internet. Philippe Ridet explique également que cette réunion était publique et que plus de 5000 personnes y ont assisté. Par ailleurs, il évoque l’ambigüité relative au fait que le débat était animé par des journalistes animateurs d’émissions de débats politiques, mais que la "Rai a voulu imposer le silence avant le scrutin". L’événement a cependant été retransmis par de nombreuses chaînes de télévision privées, notamment Sky, ainsi que par des sites internet. Toutefois, les dirigeants de la Rai, nommés par le pouvoir actuel, ont décidé de suspendre toute les émissions de débats politiques pendant la durée de la campagne électorale.
Le célèbre journaliste anti-Berlusconi, Michele Santoro, était l’un des animateurs de l’émission. Philippe Ridet cite quelques-uns des propos que Santoro a échangé avec ses invités : ils ont parlé de "censure", d’un pays "au bord d’une défaite civile", d’un besoin de "changement radical" et même de "révolution". Les sites internet des partis de gauche qui ont retransmis l’événement l’ont qualifié du "plus grand événement de l’histoire du web" en Italie.
Dans une deuxième partie de son article, Philippe Ridet, fait le lien avec une autre affaire concernant la censure des médias par Silvio Berlusconi : les pressions du Cavaliere sur les responsables de l’autorité de régulation des médias et de la Rai. Cette affaire a été révélée par la presse italienne au début du mois de mars. Berlusconi aurait été mis sous écoutes téléphoniques en novembre et décembre 2009.
L’ensemble de cet article est purement factuel. Le correspondant du quotidien Le Monde en Italie ne donne pas son opinion. Il se contente de rapporter les faits, sans porter de jugement. Dans sa conclusion, il laisse toutefois entrevoir son avis, mais difficile de dire si c’est le sien ou s’il parle au nom des Italiens. Philippe Ridet conclut en déclarant que la Rai sort de cet "épisode dans un piteux état : archaïque dans sa gestion politique, et inefficace dans sa tentative de contrôler l'information à l'heure de la communication globale". Par ailleurs, Philippe Ridet est resté centré sur l’événement de l’interdiction de diffusion du débat. Il n’a pas élargi l’angle de son article au problème général du pouvoir que détient Berlusconi sur les médias italiens. Il a seulement fait le lien avec une affaire datant de la fin d’année passée.
Sur le site internet du Monde, l'article est donc identique à celui publié dans le quotidien. Seule différence: trois commentaires ont été déposés par des internautes. On constate ici l'interactivité rendue possible par un site internet.
Italie: une télévision publique anesthésiée ? (Euronews)
Un'altra Italia in tivù (L'Espresso)
L'hebdomadaire italien de sensibilité de gauche L'Espresso a publié sur son site web un article sur l'émission-manifestation unique en faveur de la liberté de la presse présentée par Michele Santoro, Raiperunanotte (traduit: Rai pour une nuit). Écrit par le journaliste Marco Damilano, il a été mis en ligne le 25 mars, puis mis à jour le lendemain.
Damilano éloge l'émission en la définissant comme un "grand rite de libération collective", une émission loin des censures du langage politiquement correct des téléjournaux Rai et Mediaset et révélant la torpeur dans laquelle les Italiens vivent depuis trop longtemps. "Finalement on a pu parler sans devoir s'autocensurer ou sans subir la censure de ce que normalement on ne peut même pas mentionner", dit-il. Sa position est donc claire depuis le début: pour lui, Raiperunanotte représente la vérité qui, précisément parce qu'elle est vraie, ne pouvait pas être censurée encore longtemps, et qui a justement trouvé le moyen de sortir à la lumière du jour.
L'opposition entre bien et mal, vérité et mensonges est très forte dans cet article. Le journaliste oppose le passé caractérisé par le sommeil des consciences au futur qui va vers une plus grande liberté de la presse afin de faire ressortir le plus possible son point de vue sur l'émission.
Par exemple, le journaliste fait une liste des intervenants à l'émission qui, ayant subi la censure, ont pu finalement parler librement, comme un presse vraiment libre devrait le permettre. À ce constat, il oppose les pressions qu'il juge épouvantables, faites par Berlusconi à l'Autorité garante des communications (Agcom) afin d'obtenir la fermeture de l'émission Annozero.
Un autre exemple: Damilano précise que la Rai et Mediaset n'ont pas voulu révéler l'information relative aux pressions du premier ministre sur l'Agcom. Ensuite il explique, par opposition, comment Raiperunanotte marque le début d'une nouvelle télévision: une télévision libre qu'un pays démocratique comme l'Italie devrait déjà avoir depuis longtemps, soutient Damilano.
Finalement, Damilano a beaucoup de confiance dans le fait qu'il y aurait une Italie lasse d'être censurée, qui "a envie de parler et d'exister", et que le régime italien, de plus en plus renfermé sur lui même, soit à la fin des ses jours. En soutien à cette thèse, il conclut son article par une similitude à caractère historique. Il compare l'émission de patinage artistique transmise au lieu d’Annozero aux programmes sportifs transmis dans l'ex Union soviétique lorsque la parti communiste imposait le silence sur un fait.
L’Italie de mars 2010 dans l’œil de Nando Pagnoncelli (Le blog de Eric Valmir)
Nando Pagnoncelli, professionnel de l’étude politique en Italie, est enseignant à l’université catholique de Milan mais aussi le Directeur de l’Ipsos Public Affairs (institut d’études d’opinion ndlr). Il est par ailleurs vice-président de l’Assirm (institut national des études de marché). Eric Valmir indique d’ailleurs que les grandes lignes de l’entretien émanent des études et enquêtes d’opinion de Nando Pagnoncelli.
Plusieurs thèmes sont abordés dans cet entretien : la corruption, la crise économique et le risque d’abstention, les stratégies de campagnes de Silvio Berlusconi, comment faudra-t-il analyser les résultats des élections régionales, le vote catholique et Silvio Berlusconi en terme électoral.
Après avoir parlé de la corruption qui génère une apathie dans l’opinion publique et de la probable abstention des Italiens lors élections régionales, expliquée par le fait que leurs préoccupations principales sont l’emploi et le chômage, Nando Pagnoncelli évoque les stratégies de campagne de Silvio Berlusconi. Il a constaté que le Président du Conseil a haussé le ton ces dernières semaines. Par le passé, cette touche plus agressive de Berlusconi avait fonctionné, mais cette fois-ci, le professionnel de l’étude politique doute de cette stratégie : "L’électorat semble se détourner de la figure de Silvio Berlusconi". C’est ici que Nango Pagnoncelli aborde le sujet de la fermeture des émissions politiques pendant la campagne sur la Rai. Selon les sondages, "un tiers des électeurs de Silvio Berlusconi a désavoué cette décision. C’est énorme et c’est une nouveauté", déclare-t-il. Il rappelle toutefois que ces talk shows n’ont aucune influence sur les votes. Il ajoute que "ces émissions ne servent pas à convaincre des citoyens électeurs mais à galvaniser ceux de son propre camp. Les téléspectateurs d’Annozero, Matrix, Ballarò et Porta a Porta ont un intérêt pour la politique largement supérieur à la moyenne nationale. Ils savent déjà pour qui ils vont voter. Ils suivent ces émissions pour renforces leur convictions".
On constate ici une nouvelle manière d’aborder le thème de la fermeture des débats politiques télévisés pendant la campagne électorale. Par cet entretien d’un professionnel de l’étude politique, on découvre une analyse poussée du problème. On apprend surtout des informations différentes, qui sont appuyées par des études qui ont été réalisées à l’aide de sondages d’opinion. Le thème abordé est le même, mais traité sous un autre angle. L’œil affuté de Nando Pagnoncelli permet de mieux comprendre le mois de mars 2010 en Italie, période d’élections régionales. Eric Valmir conclut son article en déclarant que cette rencontre avec Nando Pagnoncelli "fut une bouffée d’oxygène au milieu d’une campagne étouffante et agressive".
Comme sur tout blog, les internautes peuvent laisser des commentaires. Seuls, deux internautes en ont déposé un concernant cette entrevue. On remarque que les deux commentaires sont très positifs. Cet article semble avoir aidé les lecteurs à mieux comprendre la problématique en cette période d’élections régionales.
Lien pour lire l'article de Eric Valmir "L'Italie de mars 2010 dans l'oeil de Nando Pagnoncelli"
L'apparizione del dio Michèle (Gli Antennati)
Son post, datant du 26 mars, diffère des articles édictés sur le même sujet par L'Espresso (voir analyse de l'article du quotidien) quant à la forme et au contenu.
En ce qui concerne la forme, le lecteur a l'impression de lire le journal personnel du blogueur au lieu d'un article d'information. L'écriture de Bocca est beaucoup plus libre que l'écriture soit disant neutre des articles d'information. Par exemple, le blogueur insère des citations de Santoro sans les contextualiser ni les mettre entre guillemets. Il s’approprie les propos de Santoro, même s'il laisse entendre qu'ils viennent du présentateur et non pas de lui-même. Déontologiquement, dans le journalisme traditionnel cela ne doit pas se faire. Mais Bocca écrit ici dans son blog, et non pas dans L'Espresso: il peut donc se permettre une forme d'écriture plus personnelle, presque satirique, loin du langage habituellement conventionnel des médias classiques. Le langage choisi par Bocca ne pourrait pas non plus être utilisé dans un média traditionnel à cause de quelques mots vulgaires qui, même si fréquemment utilisés dans le langage courant, ne feraient pas belle figure sur les pages d'un quotidien.
Ces constatations indiquent que l'intention du blogueur est de publier un éditorial assez terre-à-terre, qui n'utilise pas des phrases très articulées, mais qui se sert d'un langage simple, efficace et direct qui mène directement au cœur de la question.
L’auteur centre son discours sur la question de "l'adoration malsaine de Santoro par ceux qui ont regardé Raiperunanotte". Bocca compare le comportement du journaliste lors de l’émission à celui d’un sauveur. Il veut mettre en garde le public de la rhétorique de Santoro et de l'effective valeur de l'émission-manifestation.
La légitimité de Raiperunanotte n'est pas remise en question par Bocca. A u contraire, il confirme implicitement la nécessité d'une presse plus libre et n'a donc rien contre une émission spéciale dont le but est de contourner la censure et démontrer le mécontentement par rapport au système des médias italiens.
Ce qui est gênant d'après lui, est que l'émission a manqué son but. Au lieu de faire de la vraie information, il est tombé dans le piège de la communication. Santoro se serait transformé lui-même en un grand communicateur, alors que ce qu'il déplore le plus chez Berlusconi, c'est sa stratégie de communication qui met en première place la communication en soi et non pas le message. (A ce sujet, voir le post sur les réseaux sociaux)
Un internaute pro-Berlusconi rejette la comparaison entre la rhétorique de Santoro avec celle du Cavaliere et écrit dans la section des commentaires:
Ignazio Posadinu scrive:
27 marzo 2010 alle 00:08
Cher Bocca, si vous jugez avec équilibre vous verrez qu'il n'y a pas de comparaison entre la rhétorique de Santoro et celle de Silvio. Santoro est seulement un mauvais comédien pour les pauvres. Au contraire dans les discours de Silvio y a toujours des contributions constructives: l'amour contre la haine, le futur de notre pays et même la lutte contre le cancer. Il me semble injuste que vous vouliez comparer notre premier ministre à un ignoble démagogue qui veut seulement créer des problèmes. Salutations, Ignazio
La rhétorique de Santoro, qui orchestrait parfaitement les interventions de ses hôtes, aurait galvanisé le public dans une attaque sans freins à la censure et à Berlusconi, le faisant figurer comme un dieu, dit Bocca, ou comme un sage maître devant ses élèves préférés. Ceci aurait porté, encore une fois, à une féroce attaque de Santoro vers Berlusconi. Et encore une fois, le public s'est polarisé vers l'un ou l'autre "dieu". Santoro aurait dû, d'après Bocca, conduire une émission qui ait moins le caractère d'un show et plus les traits d'une émission de critique constructive au sujet de la censure. On lit dans le commentaire: "Trop consentant et rieur apparait le public hier soir. Trop monstrueux, surtout, s'est explicité le pouvoir de la communication, paradoxalement dans le moment dans lequel il opérait pour combattre la tant détestée censure".
Lien pour l'article de Riccardo Bocca "L'apparizione del dio Michèle"
Se Simona Ventura é più rivoluzionaria di Michele Santoro (L'Anticomunitarista)
Voici la traduction: Si Simona Ventura est plus révolutionnaire que Michele Santoro. "Je crains que la vraie nouveauté en matière d'information et communication, plus qu'une émission télévisée complètement autoréférentielle qui appelle en masse jeunes et galvanisées blogueurs mais finalement les relègue dans l'ombre sans jamais les citer, les encadrer, les remercier, seulement parce que mentionner le Web fait très moderne et révolutionnaire même si après tout c'est les mêmes personnes depuis des années, depuis des décennies, depuis toujours, soit aujourd'hui représentées par l'exondation d'un certain type de télévision qui migre sur le Web pour dépasser elle-même, son langage et ses temps. Et par la régression de technologies multimédia qui, voyageant en sens inverse, vont s’enchasser entre les pages en papier d'un journal".
D'après lui, l'émission-manifestation a différé de l'émission ordinaire Annozero seulement dans la mesure où elle a été transmise par Sky et sur le Web. Quant au contenu, le blogueur estime que Santoro n'a fait rien d'autre que transposer sur une autre fréquence ce qui est déjà dit à la télévision depuis des années. Effectivement, Santoro a invité à l'émission des personnalités habituées à la censure médiatique, dont les propos sont déjà connus par le public depuis longtemps. Finalement, ils ont pu exprimer leurs opinions sans les freins imposés par la télévision traditionnelle, mais sans apporter rien de nouveau au courant de pensée anti-censure et anti-berlusconien.
Sensi déplore le fait que Raiperunanotte n'ait pas su profiter des véritables nouveautés apportées par le Web, en particulier en snobant les blogueurs qui, comme lui-même, essayent de faire de l'information différente de celle traditionnelle. Les idées provenant de la blogosphère n'ont de facto pas été retenues par Santoro, qui s'est satisfait de diriger une soirée "autoréferentielle". Selon Sensi donc, l'émission n'a pas présenté des nouveautés quant au contenu.
Cela serait à imputer au fait que Santoro n'a fait que transposer sur le Web une émission qui ne diffère pas d'une normale émission de télévision. Le Web a offert à Annozero une entrée secondaire à la visibilité alors que la porte principale de la télévision publique était fermée. Pour que l'émission ait véritablement eu un aspect révolutionnaire, elle aurait du être construite selon de nouveaux critères, qui prennent en considération l'information faite sur le Web et les modalités dont elle se sert, et non pas selon les critères traditionnels des émissions télévisées.
Cette émission démontrerait comment la télévision englobe puis neutralise internet au lieu d'évoluer avec lui, afin de proposer une information vraiment différente et, comme l'émission elle-même le souhaite, plus libre.
Sensi renvoie à deux blogs, dont la position par rapport à Raiperunanotte et à son incapacité d'utiliser le Web est encore plus dure. Les deux derniers liens illustrent des exemples qui, selon Sensi, ont su utiliser les technologies multimédia de façon plus constructive. L'exemple le plus intéressant concerne la présentatrice Simona Ventura. Elle a crée un site, "SimonaVenturaTv", dont le contenu est une série de vidéos inédites en relation avec ses émissions traditionnelles: il s'agit de réflexions, d'interviews, de comptes-rendus ou reportages de ses activités journalistiques. Le contenu est plus proche d'un reality show que d'une émission d'information, et n'a donc pas une grande valeur informative. Sensi considère ce site révolutionnaire parce qu'il présente un contenu inédit, crée expressément pour le Web, ce qui lui donne une valeur différente de la télévision traditionnelle. Au lieu de regarder la télévision sur internet, on regarde ici une télévision du Web.
Lien pour lire l'article de Daniele Sensi "Se Simona Ventua é più rivoluzionaria di Michele Santoro"