mardi 13 avril 2010

Italie: une télévision publique anesthésiée ? (Euronews)

La chaîne de télévision d'information a également traité le sujet de la censure des débats politiques sur la Rai durant la campagne pour les élections régionales. La rubrique "Europeans" y a consacré un reportage de huit minutes le 19 mars 2010, intitulé "Italie : une télévision publique anesthésiée ? ". Il s’agit d’une enquête sur le pouvoir que détient Silvio Berlusconi sur les médias italiens en général qui s’appuie sur l’interdiction de la diffusion de tous les débats politiques durant la période électorale, notamment l’émission Annozero.

Durant la première minute du reportage, la journaliste rappelle les faits, puis l’enquête débute avec une série d’interviews. Tout d’abord, le journaliste du talk show Ballarò, Giovanni Floris, déclare être convaincu que "cette décision n’émane pas que de la volonté d’une personne" (à savoir Silvio Berlusconi ndlr). Giovanni Floris explique la nouvelle loi "par condicio" qui a été mise en place pour la parité de temps de parole des politiciens lors de ces débats. Il indique que c’est un parlementaire issu de l’opposition qui a proposé cette loi. Floris croit que ce parlementaire d’un petit parti l’a élaboré afin de permettre aux membres de son parti de bénéficier de plus de temps de parole. La majorité de Berlusconi a su retourner cette loi en sa faveur. Le Gouvernement italien l'a alors conduite à interdire ces débats télévisuels.

Puis, le reportage montre une des 51 candidates aux élections régionales, Emma Bonino (ndlr candidate du parti radical de la région du Latium). Celle-ci explique que, "bien que sa vidéo de campagne électorale soit bien réalisée, elle ne pèse bien peu face à l’empire médiatique de Silvio Berlusconi".

Puis, on revient sur la censure de ces talk shows. Berlusconi accuse les animateurs de ces débats et leurs invités de participer à une conspiration de gauche pour le faire tomber. Le Cavaliere n’est pas rassuré ces temps, étant donné que sa cote de popularité est en baisse suite à une série de scandales sexuels présumés, d’accusation de corruption et de procès. Selon Enrico Menduni, un analyste politique, la volonté de réduire cette forme de communication politique par Silvio Berlusconi est compréhensible puisque la majorité de ces leaders d’opinions proviennent de l’opposition.

L’enquête rappelle ensuite le pouvoir que détient Berlusconi sur les médias italiens : il possède le groupe Mediaset et son influence sur la Rai est notable. Le Cavaliere contrôle plus ou moins directement la totalité des chaînes de télévisions non payantes. On évoque ensuite que le grand talk show de Mediaset, Matrix, a quant à lui été maintenu, car il est diffusé sur une chaîne privée. Suit une interview de l’ancien présentateur de Matrix, Enrico Mentana. Selon lui, "le problème des médias italiens n’est pas leur manque de démocratie, mais l’inverse". Il déplore le fait que dans les médias italiens, on puisse tout dire. Par exemple, on a déjà entendu des politiciens dire que "Berlusconi devrait être envoyé en prison", ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays européens, déclare-t-il.

Le reportage présente ensuite la position de l’Italie dans le classement de Freedom House (organisation indépendante qui classe les pays selon leur liberté de la presse) : en 2009, l’Italie a rétrogradé dans la catégorie de la presse "partiellement libre" et est passé au 73e rang sur 195 pays.

Finalement, un analyste politique, Pierluigi Batista, explique dans une interview que "la relation entre la politique et les médias en Italie a toujours été tourmentée mais qu’en ce moment c’est bien la politique qui a la main". Selon lui, le problème est que "le politique décide de l’information".

En conclusion, la journaliste qui a réalisé l’enquête rappelle que les talk shows seront de retour sur la chaîne de télévision publique la Rai après les élections régionales des 28 et 29 mars.

La chaîne de télévision d’information européenne a profité de cet événement pour réaliser une enquête approfondie sur le problème global du pouvoir de la politique sur les médias italiens. Ce reportage ne fait pas que rapporter les faits de cet événement. Euronews ayant pour mission de donner une perspective de l’information européenne, cette enquête a également été diffusée en italien, ainsi que dans les sept autres langues dans lesquelles travaillent Euronews. A noter que la vidéo est également visible sur le site de partage de vidéos, Youtube.

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